Les données personnalisées : un changement de cap pour des soins centrés sur les résidents

Magnus Nilsson, Global Segment Manager pour Ascom Suède

Les capteurs intelligents peuvent recueillir une grande quantité de données sur la santé des résidents au sein des établissements de soins de longue durée, comme les maisons de retraite et les résidences de services. Mais exploitons-nous pleinement le potentiel de ces données ? Utilisons-nous vraiment les données pour mieux répondre aux besoins individuels de chaque résident ? Ou pour faciliter les flux de travail du personnel afin de libérer du temps pour des soins à plus haute valeur ajoutée ? Pas vraiment. En dehors des soins intensifs et des hôpitaux, l’utilisation des données personnelles n’est pas encore une pratique courante. De plus, la gestion des données personnelles sensibles entraîne ses propres défis techniques et opérationnels.

Évitez les alarmes sans contexte

Il y a beaucoup à gagner d’une approche basée sur les données dans le monde des alarmes. Les alarmes actuelles sont statiques et réactives. Même si les capteurs fournissent des données intelligentes, ils ne tiennent pas compte du contexte. Les alarmes sont associées aux chambres ou aux lits, plutôt qu'à l'identité et aux antécédents des résidents, ce qui entraîne d'innombrables alertes et alarmes sur les lignes fixes, les téléavertisseurs et les smartphones.

Les soins deviennent efficaces lorsque nous connectons les données des capteurs, par exemple celles des matelas intelligents, des caméras intelligentes et des détecteurs de mouvement, à des personnes individuelles. En tirant parti d'algorithmes intelligents, nous pouvons filtrer les données et les présenter sous forme de tableaux de bord personnalisés et ergonomiques pour le personnel de soins

Comment cela permet-il d'améliorer l'efficacité des soins ?

Prenons un exemple. En appliquant la technologie des capteurs dans une maison de retraite, il est possible d'améliorer l'efficacité des rondes nocturnes, voire de les supprimer complètement. Actuellement, ces rondes sont effectuées plusieurs fois par nuit selon des processus de travail standards. Tout d'abord, nous interprétons les données en fonction d'un statut, tel que « au lit », « dans la salle de bain », « hors de la chambre », « sur une chaise », etc. En connectant ces statuts à un profil personnel, nous rendons les données personnalisées. Pour un résident, aller aux toilettes peut signaler une situation à risque. Pour un autre résident, s’il se recouche dans les 10 minutes, ce ne sera peut-être pas le cas.

De cette manière, nous équilibrons les risques et la sécurité des résidents, améliorant ainsi la qualité de vie en réduisant les perturbations inutiles, notamment pendant la nuit. Cela favorise non seulement un meilleur sommeil pour les résidents, mais permet également aux soignants de gagner un temps crucial, un temps qui peut être consacré aux besoins des autres résidents.

Que faut-il pour exploiter les données personnelles ?

Il n'existe pas de technologie universelle qui puisse répondre à toutes les situations de « soins personnalisés ». Chaque résident est unique et nécessite des statuts différents. Vous appliquez la technologie en fonction des besoins. Un système ouvert de surveillance du mode de vie devient essentiel pour intégrer différents types de capteurs. En important simplement des données ou des statuts, une plateforme peut fournir un profil clair pour chaque résident. La collecte d’un plus grand nombre de données permet ensuite de mieux comprendre les schémas, facilitant ainsi le passage des soins réactifs aux soins préventifs.

Comment gérer les données sensibles de manière responsable ?

La gestion responsable des données sensibles dans le domaine des soins de santé nécessite une approche à multiples facettes qui englobe la conformité légale, les garanties techniques, le contrôle d'accès et un engagement en faveur d'un traitement éthique des données. Cela implique une approche globale qui garantit la protection, l’intégrité et le traitement éthique de ces informations.

Bien entendu, la collecte et le traitement des données sensibles font l'objet d'un examen minutieux. Le respect des réglementations en matière de protection des données, telles que le règlement général sur la protection des données (RGPD), est fondamental. Cela implique de comprendre le cadre juridique, d'identifier les droits du patient ou du résident et de respecter des directives strictes en matière de traitement, de stockage et de partage des données.

Les données personnelles doivent donc être gérées de manière sécurisée. Cela peut être fait en appliquant des mesures de protection des données et de cybersécurité rigoureuses pour aider à prévenir les violations de données par accès non autorisés. il est également nécessaire d’utiliser des comptes personnels pour les soignants où chaque utilisateur dispose d'un identifiant unique, permettant un contrôle d'accès et un audit. Cela signifie que l'accès aux données est limité uniquement à ceux qui en ont besoin pour leurs rôles spécifiques.

Compte tenu de toutes les implications éthiques de la collecte et du traitement des données, il est important que les données soient utilisées uniquement aux fins prévues et qu’elles respectent les droits et la vie privée des individus.